Hommage à Mélina
Le 6 mars, il y a eu vingt ans que Mélina Mercouri nous quittait. Mais les artistes ne meurent jamais vraiment, c'est bien connu, et ils sont même souvent plus encensés par les médias lorsqu'ils ne sont plus là.
Mon propre intérêt pour cette artiste ne doit rien à mon installation en Grèce. Je l'ai découverte lorsqu'elle a passé sept ans à Paris durant la dictature dans son pays. C'étaient mes années lycéennes puis universitaires. Mai 68 était encore dans l'esprit de tous les étudiants. Je me suis donc intéressée à cette actrice et chanteuse qui se mettait tout à coup à faire de la politique et à mettre sa notoriété au service de son pays.
La démocratie revenue en Grèce, j'ai continué à suivre son parcours politique comme ministre de la Culture durant les années 80. Outre son combat pour le retour des marbres du Parthénon en Grèce, elle initia d'autres projets comme le parcours pédestre qui permet désormais de relier l'Acropole au temple de Zeus Olympien ou celui d' un nouveau musée de l'Acropole.
Une ville européeene différente Capitale de la culture chaque année, c'est aussi une idée de Mélina lorsqu'elle était ministre de la Culture. La première fut Athènes en 1985 et l'avant-dernière Marseille en 2013.
Athènes a choisi de rendre hommage à Mélina Mercouri en projetant plusieurs de ses films à la cinémathèque.
Je suis allée voir deux de ces projections. J'ai choisi "Celui qui doit mourir" de Jules Dassin, le premier film qu'ils tournèrent ensemble en 1956. Ce film était précédé d'une table ronde à laquelle participaient les deux auteurs du dernier livre consacrée à l'actrice mais aussi son frère, Spyros Mercouri.Ce fut donc riche en anecdotes.
J'ai bien sûr profité de l'occasion pour faire dédicacer mon exemplaire!
Le film "Celui qui doit mourir", inspiré de du roman de Nikos Kazantzakis, est un film franco-italien. Il fut tourné en Crête et tous les figurants sont des habitants de la région d'Aghios Nikolas qui n'était pas alors une station touristique réputée. Les acteurs sont français. Le personnage du Christ est interprété par Pierre Vaneck avec à ses côtés Fernand Ledoux, Maurice Ronet, Jean Servais...
Malgré ce mélange des nationalités et des langues, l'histoire reste crédible comme en témoigne cette critique.
Je suis allée également voir le dernier film tourné par Jules Dassin et Mélina Mercouri, qui fut également le dernier film de sa carrière, "Cri de femmes". Ce film représenta la Grèce au festival de Cannes en 1978.
Mélina Mercouri y joue le rôle d'une actrice qui, alors qu'elle s'apprête à jouer la "Médée" d'Euripide rencontre dans sa prison Brenda, une jeune femme, qui comme Médée, a tué ses enfants pour punir son mari de son infidélité.
Au-delà de la confrontation du mythe et de la réalité, ce fut pour Mélina Mercouri l'occasion d'interpréter certains passages de la tragédie antique, rôle qu'elle n'eut pas l'occasion de jouer au théâtre.
Je me souviens avoir vu ce film à Toulouse lors de sa sortie à Toulouse et je me suis beaucoup réjouie de pouvoir le revoir avec une maturité différente.
Cette rétrospective des films de Mélina sera également présentée à Paris (clic), au cinéma le Balzac, à partir du 16 mars.
A Athènes une exposition est aussi actuellement consacrée à l'actrice pour les 20 ans de sa disparition, au musée Bénaki. Mais ne l'ayant pas encore vue, je vous en parlerai après l'avoir visitée. Aujourd'hui c'était mon billet "cinémathèque"!