Poupées corses
La Corse et la Grèce sont nos deux patries, vous le savez si vous avez lu notre premier message.
Aujourd'hui j'ai envie de vous parler d'un gros coup de coeur pour une dame qui confectionne des poupées dans sa maison de Corse-du-Sud.
Je ne vous donnerai pas le nom de son village car, si elle vend volontiers ses poupées à ceux qui découvrent sa maison, elle n'en fait pas du tout profession. Il faut "mériter" sa rencontre avec Mme Istria. Son nom est déjà un indice pour vous et j' ajoute pour vous aider une photo du village où elle habite, près de Sartène.
Quand j'ai rencontré Mme Fanette Istria la première fois, je me suis étonnée qu'elle ne fasse aucune publicité pour son artisanat et qu'il faille chercher de porte en porte celle de sa maison. Elle m'a répondu fort justement en souriant: "Vous m'avez bien trouvée, les autres me trouvent aussi!"
Mme Istria fait un véritable travail de mémoire. Les poupées qu'elle confectionne ne sont pas la poupée folklorique traditionnelle corse que l'on trouve dans les magasins de souvenirs.
Cette représentation de la femme Corse n'est pas fausse, mais elle est récente. Si la poupée Corse se présente tout de noir vêtue, c'est parce que c'était devenue la tenue des villageoises après la première guerre mondiale. La Corse a payé un très lourd tribut lors de cette guerre et les veuves se sont donc habillées de noir.
Mais auparavant chaque "pieve" (paroisse) de Corse avait son costume traditionnel porté lors des fêtes et grandes occasions et si certains étaient déjà de couleur sombre, d'autres étaient très colorés.
Mme Istria confectionne ses poupées selon des documents et des desssins d'époque qu'elle a trouvés dans la thèse de Rennie Pecqueux-Barboni, soutenue en 1983 à l'université de Provence.
Je vous présente aujourd'hui deux de mes poupées, issues de deux pievi voisines (une cinquante de kilomètres seulement), et pourtant très différentes.
La première c'est l'Ajacienne, la seconde la Bastelicaise. Les couleurs et la coquetterie de la ville font contraste avec la plus grande sévérité de la vie en montagne.
L'AJACCIENNE DU PORT
LA DAME DE BASTELICA
Le moindre détail est respecté dans la confection de chaque poupée qui mesure un peu plus de quarante centimètres. Les couleurs originales bien sûr, mais aussi la matière des tissus. Les jupons s'empilent comme les fichus ou les coiffes.
Les bijoux portés sont aussi reproduits avec minutie et sous les cheveux de chaque modèle on découvre de minuscules boucles d'oreille.
Ces poupées sont vraiment magnifiques. Elles sont un témoignage de l'histoire de la Corse mais aussi un travail d'amour et de patience extraordinaire.